Transition  -Chapitre 01-

 
   
Sel

Du sel.
Ce fut la première information qui traversa son esprit lorsque celui-ci s'extirpa lentement des ténèbres de l'inconscience.
Le goût du sel dans sa bouche.

Le son fut la seconde perception qui lui revint : son ouïe, au fur et à mesure qu'elle était recouvrée, confirma la présence d'un bruit de fond. Il s'agissait d'une sorte de grondement cyclique.

Les quelques éléments qui venaient d'être recueillis s'additionnèrent de manière intuitive dans son cerveau encore embrumé pour aboutir à une réponse.
Un flot.

Il s'agissait d'un flot. On était au bord de la mer.

Ses yeux s'ouvrirent.

Vue

Elle constata sans surprise qu'elle se trouvait sur une plage.

Les événements récents lui revinrent alors en mémoire :
cela signifiait-il... ?

Ses pensées s'interrompirent brusquement. Elle venait de capter une présence dans son dos.
Ou plutôt des présences.

Elle se retourna rapidement et eut confirmation de ce que lui avait indiqué son sixième sens.

A à peine cinq mètres d'elle, lévitant côte à côte juste au dessus de la surface des eaux, se tenaient trois majestueuses silhouettes.

Trois armures d'or.

Armures

Elle s'étonna de ne pas les avoir immédiatemment détectées, puis comprit pourquoi en percevant la nature paisible des cosmos qui en émanaient. Rien à voir avec la puissance resplendissante qu'elle avait senti se dégager de l'une d'entre d'elles peu de temps avant qu'elle ne tombe dans l'inconsciense.

Elle s'étonna également - mais dans une moindre mesure - lorsqu'elle compta parmi les trois tenues zodiacales une protection dont elle ne souvenait pas avoir constaté la présence au cours des récents événements : la Balance, le Sagittaire et... le Verseau.

Mais qu'y avait-il de si anormal, après tout ?
N'était-ce pas dans la nature même d'une armure - d'autant plus pour l'une des douze armures d'or - que d'être le prolongement de la volonté de son porteur (voire l'héritière de cette volonté, si celui-ci était défunt) et d'intervenir en cas de nécessité ?

Et étant donné la situation récente, une telle intervention était on ne peut plus justifiée.

Elle balaya donc cette interrogation de son esprit et reporta son attention sur la sérénité caractérisant les trois cosmos dorés :
cela indiquait-il que...

Elle remarqua alors une forme à la limite de son champ de vision.

Un corps partiellement immergé par les flots.

Dès qu'elle l'eut identifié - ce qui lui prit moins d'une seconde - son sang ne fit qu'un tour et elle se précipita pour le tirer hors de l'eau.

Corps

A son immense soulagement, elle constata rapidement que le corps n'était pas un cadavre; malgré le temps qu'il avait dû passer dans l'eau, la couleur de sa peau n'avait rien de la pâleur de celle d'un noyé. De plus, le bruit d'une respiration lente mais régulière témoignait lui aussi d'une santé satisfaisante. Son état d'inconscience semblait destiné à prendre fin sous peu.

Rassurée sur ce point, elle se relâcha, laissant involontairement vagabonder son esprit tout en observant la personne qu'elle venait de secourir. Des sentiments contradictoires se mirent alors à l'agiter.

Elle se reprit brusquement, écartant avec violence ses conflits intérieurs, puis s'efforça de prononcer son nom de la voix la plus neutre possible :

- "Athéna..."

Les yeux de la déesse s'ouvrirent presqu'instantanément.

Avec un regard et une voix d'une sérénité et chaleur déconcertantes, elle lui retourna son nom :

- "Shina..."

Ce fut quasiment ce moment que choisirent les armures d'or pour s'élever dans les cieux. Le Chevalier d'Ophiucus les regarda partir sous formes d'étoiles filantes vers une destination bien connue. Elle comprit ce que cela signifiait : à présent qu'elle avait pleinement recouvré ses moyens, les armures lui confiait la garde d'Athéna.

Le regard de Shina retomba alors sur celui de sa déesse, et le trouble revint dans son esprit.
Elle se rendit de plus compte à cet instant qu'elle ne portait pas son masque.

- "Ca n'est pas grave." lui murmura Saori Kido, comme si elle avait lu dans ses pensées.

Par une alchimie étrange, la confusion de la femme-chevalier s'effaça instantanément.

- "C'est... fini ? " demanda-t-elle, pressée de changer de conversation. Dans la même temps, elle aidait sa déesse à se relever.

- "Oui. L'âme de l'Empereur des Mers a retrouvé le sommeil. Sa colère a délaissé les océans."

- "Et Seiya... et les autres ? " demanda instinctivement Shina (elle se maudit immédiatemment intérieurement pour la manière dont elle avait formulé la question).

Athéna ferma les yeux une poignée de secondes. Shina frémit, saisie par une ébauche confuse de prémonition. Lorsqu'elle les rouvrit, tout son visage rayonnait à nouveau d'une expression de plénitude proprement désarmante :

- "Je les ai renvoyés chez eux juste après la destruction du Sanctuaire sous-marin. Ils vont bien."

Le Chevalier d'Ophiucus comprit la nature de son malaise avec un léger retard : la déesse avait-elle réellement employé son cosmos pour déterminer l'état des chevaliers de bronze ? Ou s'était-elle seulement servi de son intuition ?
Dans le premier cas, le Chevalier d'argent n'avait strictement rien senti.
Dans le second, cela signifiait que les liens unissant Athéna aux cinq chevaliers de bronze étaient tellement forts que...

Quoiqu'il en soit, elle pouvait se fier sans crainte au jugement d'Athéna.

Elle alla ramasser son masque dans le sable puis examina brièvement les environs.

- "Nous devrions y aller, à présent, Athéna. Cette plage ne m'est pas inconnue, le Sanctuaire n'est pas bien loin."

- "Attends."

La déesse avait prononcé ce mot d'une voix douce et s'était contentée d'effleurer le bras de Shina, non le saisir. Pourtant, la femme-chevalier s'arrêta instantanément.

Elle se retourna pour suivre le regard de Saori Kido et resta sans voix.

La mer avait rejeté un autre corps.

Corps (bis)

Athéna se dirigea sans hésiter vers le rivage, Shina sur ses talons.

Le Chevalier d'Ophiucus retint son souffle.
L'inconnu portait une écaille de Mariner.

- "Athéna ! Attendez, ce n'est pas prudent !..."

- "Tout va bien, Shina. Nous n'avons rien à craindre de lui." la rassura la déesse.

Le Chevalier d'Ophiucus remarqua alors un objet échoué tout près du corps :
- "Mais... ce vase..."

- "Oui. C'est dans ce vase qu'est scellée l'âme de Poséidon." confirma Athéna. "Je le tenais dans mes mains lorsque le Sanctuaire sous-marin s'est effondré. J'ai dû finir par le lâcher sous les effets combinés de l'inconscience et des tourbillons marins..."
"Fort heureusement, le sceau est bien trop récent pour que l'Empereur des Mers ait eu une quelconque chance de s'échapper."

- "... et nous sommes aussi chanceux que ce Mariner n'ait pas eu l'occasion d'essayer de l'aider." ajouta Shina.

- "Ne t'inquiète pas pour cela. Il n'est plus notre ennemi, je t'assure."

Elle posa sa paume contre la poitrine du guerrier. Shina la sentit faire brièvement appel à son cosmos.

L'inconnu reprit conscience.
Il commença par afficher un air complètement hébété, probablement surpris de se retrouver en ce lieu, voire en ce monde.

Puis son regard croisa celui d'Athéna, et son expression changea du tout au tout : quelque chose d'indescriptible entre la joie et la douleur.

Saori commença à passer ses mains sous ses épaules pour l'aider à se relever, mais l'homme se dégagea aussitôt. Les larmes naissantes dans ses yeux cessèrent et il entreprit immédiatemment de se remettre seul - et péniblement - sur ses jambes.

Une nouvelle fois en quelques secondes, Shina eut le souffle coupé : le Mariner venait de s'emparer sans la moindre hésitation du vase sacré !

La femme-chevalier maudit son manque flagrant de vigilance et s'apprêta à intervenir, lorsque d'un geste discret mais néanmoins clair, Athéna lui intima de n'en rien faire.

La déesse et l'inconnu se fixèrent à nouveau quelques secondes dans les yeux, puis ce dernier lui tourna le dos et se dirigea vers le large. Il ne tarda pas à plonger, disparaissant complètement de la vue des deux jeunes femmes.

- "Il est allé remettre le vase à sa place." déclara Athéna.

Shina resta un moment encore interdite par la situation, puis parvint à confier :

- "C'est étrange... Lorsqu'il s'est retrouvé face à nous, quelque chose dans sa manière de se tenir debout m'a paru..."

- "...Familier, n'est-ce pas ? "

- "(...) Oui."

- "C'est le jeune frère de Saga." expliqua Saori. "Il s'appelle Canon. Canon des Gémeaux..."

Appel

Il est difficile de déterminer si la divinité et la femme-chevalier seraient restées encore des heures durant à contempler ainsi l'horizon en silence si une voix teintée d'une agitation certaine n'avait pas tardé à se faire entendre; elle s'accompagnait d'un bruit de pas précipités :

- "Hééééééé !!!! "

Les deux jeunes femmes tournèrent la tête sur leur gauche et repérèrent immédiatemment une silhouette familière à environ deux cent mètres, au beau milieu de la plage complètement déserte. Elle traversait la distance les séparant à un rythme effréné.

Lorsqu'elle arriva à leur niveau, elle s'arrêta brusquement, dérapant à moitié dans le sable :

- "- Pff ! Pff ! - Hé ben ! J'ai bien crû que vous alliez m'oublier, moi ! "

- "Kiki..." Athéna esquissa un sourire amusé.

Retour

Le trajet du retour au Sanctuaire fut étonnament rapide aux yeux de Shina, et ce malgré la configuration naturelle du chemin, qui comme n'importe quel accès au domaine sacré comprenait en effet son lot de difficultés des plus variées et imprévues : larges pierriers, pentes sablonneuses, parois rocheuses parfaitement verticales ou en dévers, crevasses, embranchements trompeurs... L'écrasante majorité de ces obstacles étant évidemment incontournable.

Shina se doutait que le cosmos d'Athéna n'était pas étranger à l'aisance inhabituelle avec laquelle le trio progressait : on aurait dit que la montagne avait perdu toute son hostilité, qu'elle ouvrait littéralement le passage à la protectrice du domaine terrestre.

Ils ne tardèrent pas à arriver aux frontières du territoire sacré, où ils furent quasi-immédiatement accueillis par un groupe de soldats qui patrouillait dans cette zone. La déesse prit le temps de tous les saluer chaleureusement, n'oubliant personne du regard, et de les rassurer quant à sa santé.

- "Laissez-nous vous raccompagner jusqu'au centre du domaine, Athéna, c'est plus sûr ainsi." ne purent-ils néanmoins s'empêcher de demander.

- "Peuh ! Inutile, je connais quelque chose de bien plus sûr ! " s'exclama Kiki.

Les trois arrivants se vaporisèrent instantanément, laissant derrière eux des gardes complètement médusés : ils avaient beau vivre depuis plusieurs années dans un lieu baignant dans les mythes et le divin, il se produirait toujours des choses auxquelles ils ne s'habitueraient jamais.

Arrivée

La téléportation les conduit juste au pied des douze maisons.

- "Tu aurais pu prévenir." maugréa Shina. "Je te trouve bien indiscipliné pour un apprenti..."

- "Pff ! Surtout ne me remercie pas, ça risquerait de te montrer sous un jour agréable..." riposta le garçon, sarcastique.

- "Ca suffit ! Je te trouve bien impertinent ! " l'avertit le Chevalier d'argent.

- "Et alors ? Seiya aussi, il est impertinent, et ça ne t'empêche pas de..."

L'altercation n'alla pas plus loin, au plus grand soulagement des deux femmes, dont les joues respectives commençaient dangeureusement à s'empourprer. Une voix grave et puissante mais néanmoins pleine de chaleur recouvrit sans effort celle du turbulent disciple :

- "Bon retour parmi nous, Athéna." déclara Aldébaran du Taureau tout en s'inclinant. Les quatre chevaliers d'or se tenant à ses côtés l'imitèrent.

Chevaliers d'or

- "L'arrêt des intempéries puis le retour des armures d'or dans leurs temples respectifs nous laissaient fortement présager d'une issue favorable concernant le conflit, mais nous sommes néanmoins soulagés de vous savoir ici." poursuivit le gardien de la deuxième maison.

- "Je vous remercie pour votre solicitude." répondit la déesse. Il y eut un court silence pendant lequel tous commencèrent à gravir les marches menant à la Maison du Bélier (excepté Shina qui - acquittée de sa mission - se dirigea vers sa bâtisse). Puis la réincarnation d'Athéna reprit la parole : "Je suppose que vous comptez à présent m'entretenir sur la raison qui vous retenait au Sanctuaire..."

- "En effet." confirma Mû sur son habituel ton calme. Son visage laissait cependant deviner une discrète expression soucieuse. "Néanmoins, vous avez besoin d'un minimum de repos auparavant : votre corps et votre esprit semblent avoir été très éprouvés par cette nouvelle bataille. Je vous suggère donc de recouvrer un peu de vos forces avant que nous n'abordions ce sujet."

- "Je préférerais savoir tout cela avant de prendre ce repit que vous me conseillez. Mon esprit est encore suffisamment clair, ne vous en faîtes pas."

- "Comme il vous conviendra." Le Chevalier lui tendit une enveloppe cachetée. "Elle provient du Vieux Maître."

La déesse saisit la missive en silence puis se retourna, s'apprêtant à monter les marches.

- "Attendez, Athéna." lui demanda Shaka. "Je crois qu'il n'est pas nécessaire d'emprunter ce chemin."

- "En temps normal, les téléportations sont interdites sur le chemin des douze Maisons, car il est imprégné du cosmos d'Athéna depuis les temps mythologiques où il a été édifié." expliqua Mû. "Mais vu que c'est de vous qu'il s'agit, je ne pense pas que cette restriction vous concerne."

- "Les serviteurs de la salle du Pope ont été informés de votre retour. Ils prendront soin de vous." lui fit savoir Aiolia, juste avant que le Chevalier du Bélier ne fasse appel à son pouvoir de déplacement instantané.

Elle leur adressa un étrange dernier regard, mélange de gratitude et de souci.

Ils ne s'en rendirent pas compte sur le coup, mais ils lui montraient des expressions très similaires.

Les Chevaliers d'or restèrent silencieux pendant encore une bonne minute, perdus dans des projections dans l'avenir.

Ce fut Milo qui mit fin à ces introspections :
- "Et si tu nous racontais un peu comment les choses se sont déroulées au Sanctuaire sous-marin ? " demanda-t-il à Kiki. "Je suis certain que tu meurs d'envie de nous en faire part..."

Le disciple de Mû afficha un franc sourire. Se retrouver tout d'un coup le centre d'intérêt de son maître et des ses glorieux pairs n'était pas pour lui déplaire.
 

Ténèbres
 

Tout n'était qu'ombres et ténèbres, tourments et solitude, immobilité et éternité.

Et c'était dans ce monde qu'il avait fini par échouer. Comme tant d'autres.

- As-tu seulement une idée du temps qui s'est écoulé depuis ton arrivée en ces lieux ?

Son imagination lui jouait-elle des tours ? Ou s'agissait-il réellement du son d'une voix ?

- Je vais répondre à ta place :...

L'imagination n'avait vraisemblablement rien à voir là-dedans.

- Treize ans.
La voix fit une pause.
Oui. Voilà à présent plus de treize ans que tu subis sans répit le châtiment consécutif à ton crime passé. N'es-tu donc pas las d'une telle existence ?

Cette sensation froide. Cette absence totale d'émotions dans la prononciation des mots...
- Vous êtes...

- Tes compagnons d'autrefois, ceux qui sont tombés il y a plus de deux cent ans, tous ont fini par s'abandonner à mon emprise. Aucun n'y a fait exception.

- (...)
Si vous vous êtes déplacé en personne, cela ne peut être pour quelque chose d'anodin.

- En effet. Je suis venu t'offrir l'occasion de mettre définitivement fin à toutes ces souffrances...

- Vous me proposez de mettre un terme à la peine qui m'est infligée ?

- Je te propose une nouvelle existence. Un nouvelle vie. Eternelle.

Une nouvelle vie. Eternelle.

- ..... Y a-t-il... y a-t-il quelque chose que je doive vous fournir en échange de cette... faveur ?

- Naturellement. Une telle gratitude - à ton égard qui plus est - ne peut être... gratuite.

- En quoi consiste ma part du... marché ?

- Ôter la vie de celle que tu as servi par le passé.

- (...)
Vous... Vous me demandez de TUER ATHENA ??...

- C'est exact. Et cela en moins de douze heures.

- Mais comme vous l'avez mentionné, il s'agit de l'Être que j'ai servi de mon vivant... Qu'est-ce qui vous porte à croire que je pourrais accepter une telle tâche ?

- N'as-tu pas le sentiment, avec le recul, d'avoir choisi le mauvais camp ?
T'est-Elle seulement venu en aide lorsque l'Usurpateur a mis fin à tes jours pour accéder à ta fonction ? N'était-Elle pourtant pas déjà réincarnée parmi les hommes ?... Ne lui avais-tu pourtant pas consacré ta longue vie depuis quasiment la naissance, et ce avec la plus grande dévotion ?

- (...)
Ce sont des paroles qui méritent certes réflexion, mais...
Il est tout de même question de commettre... un déicide.

- Dans peu de temps, nos armées se lèveront à nouveau l'une contre l'autre. Il s'agira de la dernière bataille que la Terre connaîtra en tant que telle. Ton acte constituera le prélude à la naissance d'Utopia, et à ce titre, il t'exemptera de la vengeance divine.

- Puis-je savoir pourquoi vous avez porté votre choix sur moi ? N'avez-vous pas plus d'estime pour vos Spectres que pour un ancien Chevalier ? Et les dieux jumeaux ne sont-ils pas bien plus qualifiés qu'un simple mortel pour accomplir une telle tâche ?

- La réputation du rempart que constituent les douze maisons du Zodiaque n'est plus à faire. Je ne tiens pas à perdre inutilement des Spectres dans un tel assaut. Quant à Thanatos et Hypnos, leur place est au-delà du fleuve Léthée, comme il se doit.
Tu as été le Grand Pope pendant deux cent quarante-trois années. Le Sanctuaire ne doit plus avoir de secrets pour toi.

- Cela est fort probable, mais je serais néanmoins seul, et le temps que me serait imparti serait de plus fort succint...

- Tu ne seras pas seul, rassure-toi. Il est prévu que tu aies à tes côtés d'autres êtres dans la même situation que toi.
A présent que tu as suffisamment d'éléments pour faire ton choix,

Quelle réponse choisis-tu de me donner ?
 

Flash-back
1743. le Sanctuaire.

 

Deux jeunes gens en larmes au chevet d'une mourante.

Malgré son état de faiblesse, celle-ci s'exprime d'un voix parfaitement claire et sereine :

- "Allons. Ne laissez pas la tristesse gagner vos coeurs, je vous en conjure."
"Tout le monde finit par mourir..."

"...Même les dieux."

Elle doit faire une pause.

- "L'âme d'Hadès est enfermée depuis un mois à présent, mais la blessure qu'il m'a infligée avec son épée n'a pas disparu pour autant... Il s'agit d'une malédiction liée à sa lame. Je ne peux lutter contre son emprise indéfiniment. C'est ainsi."

"A présent, il me faut vous confier à chacun une dernière chose. Pour l'avenir."
"Approche, Doko le sage, Chevalier d'or de la Balance."

Celui-ci obtempère et se penche vers la déesse pour comprendre ce qu'elle lui chuchotte. Puis elle se tait.

Sion comprend qu'elle continue de communiquer par télépathie. Il voit aussi l'expression choquée se peindre sur le visage de Doko.
Ainsi qu'un filet de cosmos doré transiter de la déesse au Chevalier.

Le jeune Chinois se reprend progressivement. Il s'incline respectueusement avant de regagner sa place en retrait.

- "Approche à ton tour, Sion, dévoué Chevalier d'or du Bélier."

Il s'exécute à son tour.
A peine la télépathie a-t-elle débutée qu'il a l'impression que sa tête va exploser. Une litanie l'assaille violemment : plusieurs phrases prononcées simultanément, avec un écho incessant. Une langue ressemblant au grec ancien. La présence d'Athéna étouffe le cerveau du Chevalier d'or. Elle s'en excuse : les forces commencent à lui manquer.
Puis ses pensées se font soudainement complètement limpides :

A toi qui dirigera le Sanctuaire, je te confie le secret de mon armure. Lorsque l'heure sera venue pour ma prochaine réincarnation de partir au combat, et seulement à ce moment, tu seras en mesure de lui révéler ce secret. En attendant ce jour, je le glisse au plus profond de ton esprit, là où personne - pas même toi - ne pourra l'atteindre.

Et la vérité traverse brusquement son esprit.

Le temps reprend son cours normal. Et Sion reprend conscience de la réalité.
A commencer par celle qui est sous ses yeux.

- "Athéna..."
Sa propre voix n'est qu'un murmure rauque et lointain.

Une main vient se poser sur son épaule. Doko.

- "C'est fini."
"Elle... Athéna nous a quittés."

- Fin du flash-back -
 

Un monde d'ombres et de ténèbres, lieu de tourments et solitude, domaine d'immobilité et d'éternité.

Et une voix qui se fait entendre.

- J'ai fait mon choix. J'accepte votre proposition.
 

Fin du Chapitre 1

Cette fanfic est la propriété de Hugo Duvergey (c) 2005
Saint Seiya est une création de Masami Kurumada. Tous droits réservés