Sel
Du sel.
Ce fut la première information qui traversa son esprit lorsque
celui-ci s'extirpa lentement des ténèbres de l'inconscience.
Le goût du sel dans sa bouche.
Le son fut la seconde
perception qui lui revint : son ouïe, au fur et à mesure qu'elle
était recouvrée, confirma la présence d'un bruit de fond. Il
s'agissait d'une sorte de grondement cyclique.
Les quelques éléments
qui venaient d'être recueillis s'additionnèrent de manière
intuitive dans son cerveau encore embrumé pour aboutir à une
réponse.
Un flot.
Il s'agissait d'un flot.
On était au bord de la mer.
Ses yeux s'ouvrirent.
Vue
Elle constata sans
surprise qu'elle se trouvait sur une plage.
Les événements récents
lui revinrent alors en mémoire :
cela signifiait-il... ?
Ses pensées
s'interrompirent brusquement. Elle venait de capter une présence
dans son dos.
Ou plutôt des présences.
Elle se retourna
rapidement et eut confirmation de ce que lui avait indiqué son
sixième sens.
A à peine cinq mètres
d'elle, lévitant côte à côte juste au dessus de la surface des
eaux, se tenaient trois majestueuses silhouettes.
Trois armures d'or.
Armures
Elle s'étonna de ne pas
les avoir immédiatemment détectées, puis comprit pourquoi en
percevant la nature paisible des cosmos qui en émanaient. Rien à
voir avec la puissance resplendissante qu'elle avait senti se
dégager de l'une d'entre d'elles peu de temps avant qu'elle ne
tombe dans l'inconsciense.
Elle s'étonna également
- mais dans une moindre mesure - lorsqu'elle compta parmi les
trois tenues zodiacales une protection dont elle ne souvenait pas
avoir constaté la présence au cours des récents événements : la
Balance, le Sagittaire et... le Verseau.
Mais qu'y avait-il de si
anormal, après tout ?
N'était-ce pas dans la nature même d'une armure - d'autant plus
pour l'une des douze armures d'or - que d'être le prolongement de
la volonté de son porteur (voire l'héritière de cette volonté, si
celui-ci était défunt) et d'intervenir en cas de nécessité ?
Et étant donné la
situation récente, une telle intervention était on ne peut plus
justifiée.
Elle balaya donc cette
interrogation de son esprit et reporta son attention sur la
sérénité caractérisant les trois cosmos dorés :
cela indiquait-il que...
Elle remarqua alors une
forme à la limite de son champ de vision.
Un corps partiellement
immergé par les flots.
Dès qu'elle l'eut
identifié - ce qui lui prit moins d'une seconde - son sang ne fit
qu'un tour et elle se précipita pour le tirer hors de l'eau.
Corps
A son immense
soulagement, elle constata rapidement que le corps n'était pas un
cadavre; malgré le temps qu'il avait dû passer dans l'eau, la
couleur de sa peau n'avait rien de la pâleur de celle d'un noyé.
De plus, le bruit d'une respiration lente mais régulière
témoignait lui aussi d'une santé satisfaisante. Son état
d'inconscience semblait destiné à prendre fin sous peu.
Rassurée sur ce point,
elle se relâcha, laissant involontairement vagabonder son esprit
tout en observant la personne qu'elle venait de secourir. Des
sentiments contradictoires se mirent alors à l'agiter.
Elle se reprit
brusquement, écartant avec violence ses conflits intérieurs, puis
s'efforça de prononcer son nom de la voix la plus neutre possible
:
- "Athéna..."
Les yeux de la déesse
s'ouvrirent presqu'instantanément.
Avec un regard et une
voix d'une sérénité et chaleur déconcertantes, elle lui retourna
son nom :
- "Shina..."
Ce fut quasiment ce
moment que choisirent les armures d'or pour s'élever dans les
cieux. Le Chevalier d'Ophiucus les regarda partir sous formes
d'étoiles filantes vers une destination bien connue. Elle comprit
ce que cela signifiait : à présent qu'elle avait pleinement
recouvré ses moyens, les armures lui confiait la garde d'Athéna.
Le regard de Shina
retomba alors sur celui de sa déesse, et le trouble revint dans
son esprit.
Elle se rendit de plus compte à cet instant qu'elle ne portait pas
son masque.
- "Ca n'est pas grave."
lui murmura Saori Kido, comme si elle avait lu dans ses pensées.
Par une alchimie
étrange, la confusion de la femme-chevalier s'effaça
instantanément.
- "C'est... fini ? "
demanda-t-elle, pressée de changer de conversation. Dans la même
temps, elle aidait sa déesse à se relever.
- "Oui. L'âme de
l'Empereur des Mers a retrouvé le sommeil. Sa colère a délaissé
les océans."
- "Et Seiya... et les
autres ? " demanda instinctivement Shina (elle se maudit
immédiatemment intérieurement pour la manière dont elle avait
formulé la question).
Athéna ferma les yeux
une poignée de secondes. Shina frémit, saisie par une ébauche
confuse de prémonition. Lorsqu'elle les rouvrit, tout son visage
rayonnait à nouveau d'une expression de plénitude proprement
désarmante :
- "Je les ai renvoyés
chez eux juste après la destruction du Sanctuaire sous-marin. Ils
vont bien."
Le Chevalier d'Ophiucus
comprit la nature de son malaise avec un léger retard : la déesse
avait-elle réellement employé son cosmos pour déterminer l'état
des chevaliers de bronze ? Ou s'était-elle seulement servi de son
intuition ?
Dans le premier cas, le Chevalier d'argent n'avait strictement
rien senti.
Dans le second, cela signifiait que les liens unissant Athéna aux
cinq chevaliers de bronze étaient tellement forts que...
Quoiqu'il en soit, elle
pouvait se fier sans crainte au jugement d'Athéna.
Elle alla ramasser son
masque dans le sable puis examina brièvement les environs.
- "Nous devrions y
aller, à présent, Athéna. Cette plage ne m'est pas inconnue, le
Sanctuaire n'est pas bien loin."
- "Attends."
La déesse avait prononcé
ce mot d'une voix douce et s'était contentée d'effleurer le bras
de Shina, non le saisir. Pourtant, la femme-chevalier s'arrêta
instantanément.
Elle se retourna pour
suivre le regard de Saori Kido et resta sans voix.
La mer avait rejeté un
autre corps.
Corps (bis)
Athéna se dirigea sans
hésiter vers le rivage, Shina sur ses talons.
Le Chevalier d'Ophiucus
retint son souffle.
L'inconnu portait une écaille de Mariner.
- "Athéna ! Attendez, ce
n'est pas prudent !..."
- "Tout va bien, Shina.
Nous n'avons rien à craindre de lui." la rassura la déesse.
Le Chevalier d'Ophiucus
remarqua alors un objet échoué tout près du corps :
- "Mais... ce vase..."
- "Oui. C'est dans ce
vase qu'est scellée l'âme de Poséidon." confirma Athéna. "Je le
tenais dans mes mains lorsque le Sanctuaire sous-marin s'est
effondré. J'ai dû finir par le lâcher sous les effets combinés de
l'inconscience et des tourbillons marins..."
"Fort heureusement, le sceau est bien trop récent pour que
l'Empereur des Mers ait eu une quelconque chance de s'échapper."
- "... et nous sommes
aussi chanceux que ce Mariner n'ait pas eu l'occasion d'essayer de
l'aider." ajouta Shina.
- "Ne t'inquiète pas
pour cela. Il n'est plus notre ennemi, je t'assure."
Elle posa sa paume
contre la poitrine du guerrier. Shina la sentit faire brièvement
appel à son cosmos.
L'inconnu reprit
conscience.
Il commença par afficher un air complètement hébété, probablement
surpris de se retrouver en ce lieu, voire en ce monde.
Puis son regard croisa
celui d'Athéna, et son expression changea du tout au tout :
quelque chose d'indescriptible entre la joie et la douleur.
Saori commença à passer
ses mains sous ses épaules pour l'aider à se relever, mais l'homme
se dégagea aussitôt. Les larmes naissantes dans ses yeux cessèrent
et il entreprit immédiatemment de se remettre seul - et
péniblement - sur ses jambes.
Une nouvelle fois en
quelques secondes, Shina eut le souffle coupé : le Mariner venait
de s'emparer sans la moindre hésitation du vase sacré !
La femme-chevalier
maudit son manque flagrant de vigilance et s'apprêta à intervenir,
lorsque d'un geste discret mais néanmoins clair, Athéna lui intima
de n'en rien faire.
La déesse et l'inconnu
se fixèrent à nouveau quelques secondes dans les yeux, puis ce
dernier lui tourna le dos et se dirigea vers le large. Il ne tarda
pas à plonger, disparaissant complètement de la vue des deux
jeunes femmes.
- "Il est allé remettre
le vase à sa place." déclara Athéna.
Shina resta un moment
encore interdite par la situation, puis parvint à confier :
- "C'est étrange...
Lorsqu'il s'est retrouvé face à nous, quelque chose dans sa
manière de se tenir debout m'a paru..."
- "...Familier, n'est-ce
pas ? "
- "(...) Oui."
- "C'est le jeune frère
de Saga." expliqua Saori. "Il s'appelle Canon. Canon des
Gémeaux..."
Appel
Il est difficile de
déterminer si la divinité et la femme-chevalier seraient restées
encore des heures durant à contempler ainsi l'horizon en silence
si une voix teintée d'une agitation certaine n'avait pas tardé à
se faire entendre; elle s'accompagnait d'un bruit de pas
précipités :
- "Hééééééé !!!!
"
Les deux jeunes femmes
tournèrent la tête sur leur gauche et repérèrent immédiatemment
une silhouette familière à environ deux cent mètres, au beau
milieu de la plage complètement déserte. Elle traversait la
distance les séparant à un rythme effréné.
Lorsqu'elle arriva à
leur niveau, elle s'arrêta brusquement, dérapant à moitié dans le
sable :
- "- Pff ! Pff ! - Hé
ben ! J'ai bien crû que vous alliez m'oublier, moi ! "
- "Kiki..." Athéna
esquissa un sourire amusé.
Retour
Le trajet du retour au
Sanctuaire fut étonnament rapide aux yeux de Shina, et ce malgré
la configuration naturelle du chemin, qui comme n'importe quel
accès au domaine sacré comprenait en effet son lot de difficultés
des plus variées et imprévues : larges pierriers, pentes
sablonneuses, parois rocheuses parfaitement verticales ou en
dévers, crevasses, embranchements trompeurs... L'écrasante
majorité de ces obstacles étant évidemment incontournable.
Shina se doutait que le
cosmos d'Athéna n'était pas étranger à l'aisance inhabituelle avec
laquelle le trio progressait : on aurait dit que la montagne avait
perdu toute son hostilité, qu'elle ouvrait littéralement le
passage à la protectrice du domaine terrestre.
Ils ne tardèrent pas à
arriver aux frontières du territoire sacré, où ils furent
quasi-immédiatement accueillis par un groupe de soldats qui
patrouillait dans cette zone. La déesse prit le temps de tous les
saluer chaleureusement, n'oubliant personne du regard, et de les
rassurer quant à sa santé.
- "Laissez-nous vous
raccompagner jusqu'au centre du domaine, Athéna, c'est plus sûr
ainsi." ne purent-ils néanmoins s'empêcher de demander.
- "Peuh ! Inutile, je
connais quelque chose de bien plus sûr ! " s'exclama Kiki.
Les trois arrivants se
vaporisèrent instantanément, laissant derrière eux des gardes
complètement médusés : ils avaient beau vivre depuis plusieurs
années dans un lieu baignant dans les mythes et le divin, il se
produirait toujours des choses auxquelles ils ne s'habitueraient
jamais.
Arrivée
La téléportation les
conduit juste au pied des douze maisons.
- "Tu aurais pu
prévenir." maugréa Shina. "Je te trouve bien indiscipliné pour un
apprenti..."
- "Pff ! Surtout ne me
remercie pas, ça risquerait de te montrer sous un jour
agréable..." riposta le garçon, sarcastique.
- "Ca suffit ! Je te
trouve bien impertinent ! " l'avertit le Chevalier d'argent.
- "Et alors ? Seiya
aussi, il est impertinent, et ça ne t'empêche pas de..."
L'altercation n'alla pas
plus loin, au plus grand soulagement des deux femmes, dont les
joues respectives commençaient dangeureusement à s'empourprer. Une
voix grave et puissante mais néanmoins pleine de chaleur recouvrit
sans effort celle du turbulent disciple :
- "Bon retour parmi
nous, Athéna." déclara Aldébaran du Taureau tout en s'inclinant.
Les quatre chevaliers d'or se tenant à ses côtés l'imitèrent.
Chevaliers d'or
- "L'arrêt des
intempéries puis le retour des armures d'or dans leurs temples
respectifs nous laissaient fortement présager d'une issue
favorable concernant le conflit, mais nous sommes néanmoins
soulagés de vous savoir ici." poursuivit le gardien de la deuxième
maison.
- "Je vous remercie pour
votre solicitude." répondit la déesse. Il y eut un court silence
pendant lequel tous commencèrent à gravir les marches menant à la
Maison du Bélier (excepté Shina qui - acquittée de sa mission - se
dirigea vers sa bâtisse). Puis la réincarnation d'Athéna reprit la
parole : "Je suppose que vous comptez à présent m'entretenir sur
la raison qui vous retenait au Sanctuaire..."
- "En effet." confirma
Mû sur son habituel ton calme. Son visage laissait cependant
deviner une discrète expression soucieuse. "Néanmoins, vous avez
besoin d'un minimum de repos auparavant : votre corps et votre
esprit semblent avoir été très éprouvés par cette nouvelle
bataille. Je vous suggère donc de recouvrer un peu de vos forces
avant que nous n'abordions ce sujet."
- "Je préférerais savoir
tout cela avant de prendre ce repit que vous me conseillez. Mon
esprit est encore suffisamment clair, ne vous en faîtes pas."
- "Comme il vous
conviendra." Le Chevalier lui tendit une enveloppe cachetée. "Elle
provient du Vieux Maître."
La déesse saisit la
missive en silence puis se retourna, s'apprêtant à monter les
marches.
- "Attendez, Athéna."
lui demanda Shaka. "Je crois qu'il n'est pas nécessaire
d'emprunter ce chemin."
- "En temps normal, les
téléportations sont interdites sur le chemin des douze Maisons,
car il est imprégné du cosmos d'Athéna depuis les temps
mythologiques où il a été édifié." expliqua Mû. "Mais vu que c'est
de vous qu'il s'agit, je ne pense pas que cette restriction vous
concerne."
- "Les serviteurs de la
salle du Pope ont été informés de votre retour. Ils prendront soin
de vous." lui fit savoir Aiolia, juste avant que le Chevalier du
Bélier ne fasse appel à son pouvoir de déplacement instantané.
Elle leur adressa un
étrange dernier regard, mélange de gratitude et de souci.
Ils ne s'en rendirent
pas compte sur le coup, mais ils lui montraient des expressions
très similaires.
Les Chevaliers d'or
restèrent silencieux pendant encore une bonne minute, perdus dans
des projections dans l'avenir.
Ce fut Milo qui mit fin
à ces introspections :
- "Et si tu nous racontais un peu comment les choses se sont
déroulées au Sanctuaire sous-marin ? " demanda-t-il à Kiki. "Je
suis certain que tu meurs d'envie de nous en faire part..."
Le disciple de Mû
afficha un franc sourire. Se retrouver tout d'un coup le centre
d'intérêt de son maître et des ses glorieux pairs n'était pas pour
lui déplaire.
Ténèbres
Tout n'était qu'ombres
et ténèbres, tourments et solitude, immobilité et éternité.
Et c'était dans ce monde
qu'il avait fini par échouer. Comme tant d'autres.
- As-tu seulement une
idée du temps qui s'est écoulé depuis ton arrivée en ces lieux ?
Son imagination lui
jouait-elle des tours ? Ou s'agissait-il réellement du son d'une
voix ?
- Je vais répondre à
ta place :...
L'imagination n'avait
vraisemblablement rien à voir là-dedans.
- Treize ans.
La voix fit une pause.
Oui. Voilà à présent plus de treize ans que tu subis sans répit
le châtiment consécutif à ton crime passé. N'es-tu donc pas las
d'une telle existence ?
Cette sensation froide.
Cette absence totale d'émotions dans la prononciation des mots...
- Vous êtes...
- Tes compagnons
d'autrefois, ceux qui sont tombés il y a plus de deux cent ans,
tous ont fini par s'abandonner à mon emprise. Aucun n'y a fait
exception.
- (...)
Si vous vous êtes déplacé en personne, cela ne peut être pour
quelque chose d'anodin.
- En effet. Je suis
venu t'offrir l'occasion de mettre définitivement fin à toutes ces
souffrances...
- Vous me proposez de
mettre un terme à la peine qui m'est infligée ?
- Je te propose une
nouvelle existence. Un nouvelle vie. Eternelle.
Une nouvelle vie.
Eternelle.
- ..... Y a-t-il... y
a-t-il quelque chose que je doive vous fournir en échange de
cette... faveur ?
- Naturellement. Une
telle gratitude - à ton égard qui plus est - ne peut être...
gratuite.
- En quoi consiste ma
part du... marché ?
- Ôter la vie de
celle que tu as servi par le passé.
- (...)
Vous... Vous me demandez de TUER ATHENA ??...
- C'est exact. Et
cela en moins de douze heures.
- Mais comme vous
l'avez mentionné, il s'agit de l'Être que j'ai servi de mon
vivant... Qu'est-ce qui vous porte à croire que je pourrais
accepter une telle tâche ?
- N'as-tu pas le
sentiment, avec le recul, d'avoir choisi le mauvais camp ?
T'est-Elle seulement venu en aide lorsque l'Usurpateur a mis
fin à tes jours pour accéder à ta fonction ? N'était-Elle pourtant
pas déjà réincarnée parmi les hommes ?... Ne lui avais-tu pourtant
pas consacré ta longue vie depuis quasiment la naissance, et ce
avec la plus grande dévotion ?
- (...)
Ce sont des paroles qui méritent certes réflexion, mais...
Il est tout de même question de commettre... un déicide.
- Dans peu de temps,
nos armées se lèveront à nouveau l'une contre l'autre. Il s'agira
de la dernière bataille que la Terre connaîtra en tant que telle.
Ton acte constituera le prélude à la naissance d'Utopia, et à ce
titre, il t'exemptera de la vengeance divine.
- Puis-je savoir
pourquoi vous avez porté votre choix sur moi ? N'avez-vous pas
plus d'estime pour vos Spectres que pour un ancien Chevalier ? Et
les dieux jumeaux ne sont-ils pas bien plus qualifiés qu'un simple
mortel pour accomplir une telle tâche ?
- La réputation du
rempart que constituent les douze maisons du Zodiaque n'est plus à
faire. Je ne tiens pas à perdre inutilement des Spectres dans un
tel assaut. Quant à Thanatos et Hypnos, leur place est au-delà du
fleuve Léthée, comme il se doit.
Tu as été le Grand Pope pendant deux cent quarante-trois
années. Le Sanctuaire ne doit plus avoir de secrets pour toi.
- Cela est fort
probable, mais je serais néanmoins seul, et le temps que me serait
imparti serait de plus fort succint...
- Tu ne seras pas
seul, rassure-toi. Il est prévu que tu aies à tes côtés d'autres
êtres dans la même situation que toi.
A présent que tu as suffisamment d'éléments pour faire ton
choix,
Quelle réponse
choisis-tu de me donner ?
Flash-back
1743. le Sanctuaire.
Deux jeunes gens en
larmes au chevet d'une mourante.
Malgré son état de
faiblesse, celle-ci s'exprime d'un voix parfaitement claire et
sereine :
- "Allons. Ne laissez
pas la tristesse gagner vos coeurs, je vous en conjure."
"Tout le monde finit par mourir..."
"...Même les dieux."
Elle doit faire une
pause.
- "L'âme d'Hadès est
enfermée depuis un mois à présent, mais la blessure qu'il m'a
infligée avec son épée n'a pas disparu pour autant... Il s'agit
d'une malédiction liée à sa lame. Je ne peux lutter contre son
emprise indéfiniment. C'est ainsi."
"A présent, il me faut
vous confier à chacun une dernière chose. Pour l'avenir."
"Approche, Doko le sage, Chevalier d'or de la Balance."
Celui-ci obtempère et se
penche vers la déesse pour comprendre ce qu'elle lui chuchotte.
Puis elle se tait.
Sion comprend qu'elle
continue de communiquer par télépathie. Il voit aussi l'expression
choquée se peindre sur le visage de Doko.
Ainsi qu'un filet de cosmos doré transiter de la déesse au
Chevalier.
Le jeune Chinois se
reprend progressivement. Il s'incline respectueusement avant de
regagner sa place en retrait.
- "Approche à ton tour,
Sion, dévoué Chevalier d'or du Bélier."
Il s'exécute à son tour.
A peine la télépathie a-t-elle débutée qu'il a l'impression que sa
tête va exploser. Une litanie l'assaille violemment : plusieurs
phrases prononcées simultanément, avec un écho incessant. Une
langue ressemblant au grec ancien. La présence d'Athéna étouffe le
cerveau du Chevalier d'or. Elle s'en excuse : les forces
commencent à lui manquer.
Puis ses pensées se font soudainement complètement limpides :
A toi qui dirigera le
Sanctuaire, je te confie le secret de mon armure. Lorsque l'heure
sera venue pour ma prochaine réincarnation de partir au combat, et
seulement à ce moment, tu seras en mesure de lui révéler ce
secret. En attendant ce jour, je le glisse au plus profond de ton
esprit, là où personne - pas même toi - ne pourra l'atteindre.
Et la vérité traverse
brusquement son esprit.
Le temps reprend son
cours normal. Et Sion reprend conscience de la réalité.
A commencer par celle qui est sous ses yeux.
- "Athéna..."
Sa propre voix n'est qu'un murmure rauque et lointain.
Une main vient se poser
sur son épaule. Doko.
- "C'est fini."
"Elle... Athéna nous a quittés."
- Fin du flash-back
-
Un monde d'ombres et de
ténèbres, lieu de tourments et solitude, domaine d'immobilité et
d'éternité.
Et une voix qui se fait
entendre.
- J'ai fait mon
choix. J'accepte votre proposition.
Fin du Chapitre 1
Cette fanfic est la
propriété de Hugo Duvergey (c) 2005
Saint Seiya est une création de Masami Kurumada. Tous droits
réservés
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